DIMANCHE

Dimanche déjà !

Il y avait en ce temps là ma mère qui chantait de bonne heure dans la cuisine, l’odeur de son café, le goût de ses confitures et la radio omniprésente.La radio c’était la voix du monde. On posait les images qu’on voulait sur les mots entendus. On écoutait une chanson et l’on se racontait une histoire. Pas besoin clip. Chacun se faisait son court métrage.

Puis Maman ouvrait en grand la fenêtre qui donnait sur le jardin. Alors il rentrait l’odeur du petit matin frais, de la menthe qui poussait juste en dessous et surtout le parfum des roses qu’elle aimait.

Déjà dix heures et c’était l’heure de sortir la robe des dimanches. Je me souviens d’une qu’elle avait crocheté, toute en dentelle mauve, une oeuvre d’art. Qu’elle était belle là dedans ! Et puis elle nous habillait, mes sœurs et moi avec celles qu’elle nous avait elle-même cousues. On ressemblait à un pensionnat et ça nous faisait rire !

Onze heures sonnaient l’heure de la messe et des bonbons que l’on allait ensuite acheter à l’épicerie près de l’église. Ah ! Les roudoudous de mon enfance, colorés à souhait.

Et puis l’on rentrait à pied. Elle disait un mot aux vieux du village. Ils l’attendaient assis sur un banc. C’était leur rayon de soleil.

Midi déjà ! L’été c’était une grande nappe blanche sous les pommiers et une tarte tiède aux abricots dont elle avait le secret, l’hiver un bol de soupe sur une toile cirée à carreaux rouges devant la cheminée. L’après-midi, elle cousait, elle tricotait et surtout elle nous apprenait tout ce qu’elle savait faire.

C’est ainsi qu’elle m’a transmis le savoir de ses travaux d’aiguilles. J’ai tricoté ma première écharpe à huit ans, j’ai brodé ma première nappe un peu plus tard (des liserons bleus, je m’en souviens encore) et à dix-huit ans j’ai fait ma première robe.

Ensuite c’était lecture pour tout le monde . Elle nous a enseigné l’amour des livres et de l’humanité. Puis venait le moment du goûter, des crêpes aux mûres des fossés ou des châtaignes grillées. La saison décidait de nos agapes. Nous finissions la journée en douceur et même les devoirs pour l’école du lendemain nous semblaient enchanteurs. Mon frère ronchonnait bien un peu, mais c’était un malin, sa façon à lui de se faire câliner un peu plus.

A l’heure du dîner chacun évoquait ses rêves pour le lendemain.

Dimanche, Oh joli dimanche ! Et l’on attendait celui de la semaine suivante, repos bien mérité, jour sacré. Dimanche ! J’en veux encore !

Ah ! Mais au fait, c’est aujourd’hui. Alors belle journée à tous !

 

Annie Kubasiak-Barbier

1 Comment

  • gin 19 septembre 2017 at 13 h 18 min

    Beaux souvenirs très émouvants

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