Gaëtan

Gaëtan

Ici tout me parle de toi …

Chaque pierre du chemin, le ballet des herbes folles, un oiseau de passage, enfin tout et à chaque heure qui sonne au clocher d’à côté… Le vent chante tes mots, l’air que je respire est imprégné de toi, mes mains se posent où se posèrent les tiennes autrefois, mes pas se mêlent aux tiens à peine effacés par les années perdues.

Je n’ai plus d’âge, juste un passé qui déborde toujours sur demain. Tu me précèdes ou tu me suis mais tu n’es plus jamais à côté. Comme ça me manque ta main dans la mienne, ton souffle dans mon cou.

Je suis retournée à la vieille chapelle là ou tu m’avais offert en riant un jonc d’or dans un écrin rouge passion. Elle aussi s’écroule avec le temps qui passe. Dans le cimetière voisin, il me reste une pierre où s’inscrit ton nom. C’est drôle parce que juste devant une petite fleur fragile a poussé on ne sait comment ou on ne sait pourquoi, comme le signe d’un ailleurs inaccessible. Je l’ai dégagée des hautes herbes, caressée de ma main et je suis repartie sur le sentier qui longe la mer.

J’y reviens chaque année mon amour. Je sais que tu n’iras jamais plus loin que ce bout d’île sauvage et torturé. Je repartirai ce soir avec le vieux pêcheur qui m’a prise à son bord pour me mener ici encore une fois et, arrivée sur la plage des Demoiselles, je me retournerai pour te dire au revoir en soufflant un baiser au creux de mes mains. Alors dans le ciel bleu de ce dernier jour d’été, un nuage blanc passera. Ce sera l’heure de reprendre le bateau de Gaëtan. Et là, sur le pont, il me laissera tenir le gouvernail comme à chaque fois et nous filerons vers la côte.

Je reviendrai l’an prochain.

Annie Kubasiak-Barbier

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