Quand un passant vous prend par le bout du coeur

Rencontre inattendue ce matin…

Que dis-je ? C’est idiot ! Une rencontre est toujours inattendue. On se bouscule sur un trottoir, on se regarde, deux regards étonnés, deux prénoms…  Même pas un « On se connait ? »

Claude ? Annie ? Oups ! En un instant nous avons seize ans. Bizarrement, nous nous sommes croisés dans une rue que l’on a beaucoup fréquentée , presque à hauteur du Relais, ce café d’étudiants d’autrefois.

On a parlé de Georges, le propriétaire de l’époque.

–  On prend un café quelque part ?

– Oui, avec plaisir !

C’est drôle les souvenirs. Il m’a parlé de la mort de ma mère cette année là. Toute l’école était au cimetière. Autrefois, une femme qui disparaissait d’un cancer à 38 ans c’était assez rare. Et là il me dit :

–  Tu vois, quand ta mère a disparu, j’ai eu peur de perdre la mienne, je n’imaginais même pas que ce soit possible, j’ai prié peut-être pour la première fois ce jour là, j’ai demandé à Dieu de ne pas me faire ça. Et ma mère , elle est toujours là !

Et puis on a parlé de ma meilleure amie de l’époque, du garçon dont nous étions amoureuses toutes des deux, de notre professeur de français, une vieille dame déjà, un personnage, des facéties d’un de nos copains grâce auquel on finissait souvent dans le couloir !

On a terminé notre café. Il m’a embrassée et m’a dit :

–  Tu es quand même un sacré joli souvenir. Le jour où Maman disparaîtra, je crois que la première à laquelle je penserai ce sera toi.

J’ai eu les larmes aux yeux. Nous sommes repartis chacun dans nos vies.

Mais ça fait du bien d’avoir seize ans pendant quelques instants.

Annie Kubasiak- Barbier

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